Quand la croisière vous fait toute une Seine

Le quai de Honfleur
Photo: Gregory Gerault Le quai de Honfleur

Quand le bateau s’est doucement mis en branle au quai de Honfleur, le vrombissement des moteurs, couplé à l’atmosphère ambiante parmi les passagers, sifflait le début d’une traversée séduisante. Un périple voguant sur la Seine jusqu’à Paris et dont le rythme de croisière s’avérera un heureux dosage entre la fébrilité des villes, le calme des villages et la zénitude inhérente à la vie sur l’eau. L’éloge de la lenteur dans une mer d’exaltation.

Que ce soit par la fenêtre panoramique des cabines, les grandes baies vitrées de la salle à manger ou la terrasse extérieure du MS Botticelli de CroisiEurope, les paysages défileront telles des séquences de film, à une vitesse qui permet l’arrêt sur images et la contemplation. Bonjour l’antidote à notre cadence quotidienne souvent échevelée, les yeux rivés sur nos iTéléphones. Il y a cependant la navigation Wi-Fi à bord pour l’internaute en mal de réseaux.

Photo: CroisiEurope Le «Botticelli» surfe sur la vague fluviale jusqu’à ce que souffle le raz-de-marée parisien.

Au pays du Calvados se succèdent ainsi les scènes colorées de la côte fleurie, de la route des abbayes, des rives de Duclair, de Caudebec-en-Caux… Et de Rouen, ancienne capitale de la Normandie, une ville coup de cœur pour ses quartiers historiques, ses nombreux monuments, ses cafés et sa place du Vieux-Marché, où la pauvre Jeanne d’Arc fut brûlée vive. Puis, direction Poissy s’enchaînent de blanchâtres falaises de calcaire qui en imposent sur le fleuve.

Raids vikings

 

Les jours coulent de source sur les flots de la Seine depuis la Normandie, région qui fut le théâtre de nombreux raids vikings, dont le pillage de Rouen et l’incendie de l’abbaye de Jumièges, l’un des plus vieux monastères bénédictins en ce « pays des hommes du Nord ». Ses ruines témoignent de neuf siècles d’architecture entre le IXe et le XVIIe. L’histoire de ce monument est fascinante, notamment les péripéties de l’époque où la maîtresse du roi Charles VII, Agnès Sorel, vint l’y rejoindre…

Photo: Stephane Pfleger Les ruines de l’abbaye de Jumièges témoignent de neuf siècles d’architecture.

Le Botticelli surfe ainsi sur la vague fluviale jusqu’à ce que souffle le raz-de-marée parisien, généreux contraste avec l’ambiance des jours précédents. L’approche de la Ville Lumière crée une certaine agitation parmi les passagers. Et ça en jette : quels tableaux s’offrent en spectacle !

Installés sur le pont, passé le quartier futuriste de La Défense, on s’inclinera devant les arcades millénaires des ponts de Paris. Et la tour Eiffel ? Si l’élégante est mondialement adulée, admirée sous ses galbes les plus secrets, c’est depuis la Seine qu’elle déploie sa magnificence, toute de jaune et bleu illuminée ce soir-là.

Bateau planétaire

 

Il fut un temps, pas si lointain, où les navires rejetaient tout ce qu’ils pouvaient par-dessus bord. Pas étonnant que le monde des croisières soit montré du doigt pour son impact sur l’environnement. Mais, là comme dans d’autres secteurs, la conscientisation fait de plus en plus office de mot d’ordre, et les clientèles en redemandent. C’est que tous, autant que nous sommes, nageons dans le même bateau planétaire.

« Nous mettons beaucoup d’efforts pour minimiser notre empreinte, dit Monsieur Henri, le commissaire de navigation : remplacement du diesel, du plastique et des matières jetables, traitement des eaux, des déchets et des égouts, préférence pour les bus électriques destinés aux excursions… » Lui qui veille en bon père de famille au bien-être et à la sécurité de « ses » passagers souligne au passage la propriété familiale quarantenaire de CroisiEurope, entreprise basée à Strasbourg.

Ceci expliquant peut-être cela, le climat à bord reste intime. Le MS Botticelli peut accueillir tout au plus 150 personnes. Rien à voir avec les paquebots géants qui grouillent de milliers de croisiéristes sur leurs cités flottantes. Nos hommages à Sandro Botticelli !

Notre journaliste était l’invitée de CroisiEurope, d’Atout France et d’Air France.

Bon à savoir

CroisiEurope inaugurera l’an prochain une croisière entre Montréal et Saint-Pierre-et-Miquelon. Une première. Le trajet inclura Québec, le fjord du Saguenay, Tadoussac, Gaspé, Cap-aux-Meules et Saint-Pierre. Six départs sont prévus entre le 26 juin et le 24 septembre 2020, à bord du luxueux MS La Belle des océans (120 passagers). croisieurope.com

Tout est compris à bord du Botticelli, une rareté : repas de mets locaux (y compris les boissons alcoolisées hors spécialités), assurance assistance rapatriement, taxes portuaires, audiophones pour les visites. Ne reste qu’à poser ses bagages. Notre croisière proposait une excellente table à la qualité inversement proportionnelle aux dimensions de la cuisine !

Si certaines croisières de la compagnie s’adressent davantage aux quadragénaires et plus, pas question de manquer le bateau pour la relève des clientèles. Ainsi, on offre également des itinéraires culturels, de randonnée pédestre, de gastronomie-oenologie…



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