Quand la bienveillance s’invite à table

Installé dans une coquette maison rouge abritant également un centre de location de canoës-kayaks, L’Épicurieux se situe en bordure de la rivière du Nord à Val-David. 
Photo: L'Épicurieux Installé dans une coquette maison rouge abritant également un centre de location de canoës-kayaks, L’Épicurieux se situe en bordure de la rivière du Nord à Val-David. 

Depuis maintenant quatre ans, le restaurant L’Épicurieux, situé en bordure de la rivière du Nord à Val-David, connaît un franc succès. Même s’il a depuis fait parler de lui, nous décidons de nous y rendre sur la recommandation d’une amie de la région. Un véritable coup de cœur, insiste-t-elle.

Installé dans une coquette maison rouge abritant également un centre de location de canoës-kayaks, le restaurant ne possède en temps normal qu’une vingtaine de places à l’intérieur et autant à l’extérieur, dans une véranda surplombant la rivière. Moustiquaire et toit y protègent les convives des bestioles et des intempéries.

Le nombre de places assises a été amputé d’un peu plus de la moitié en raison des circonstances que l’on sait. Notre envie de nous évader vers de nouveaux horizons ne fait, elle, que redoubler d’ardeur depuis le début de l’été. C’est pourquoi nous prenons la toute dernière table disponible ce soir-là, à 22 h.

À notre arrivée, la salle est animée. Les serveurs, masqués, sont bien occupés. Ils prennent toutefois le temps de nous proposer une place en terrasse ou au bar. Comme le soleil, déjà couché, nous privera de son spectacle, nous choisissons le bar qui nous offre, lui, une vue sur la cuisine ouverte.

Quelques minutes passent avant que l’on vienne nous voir. Pas même le temps de s’en inquiéter que bondit derrière nous Dominic Tougas, copropriétaire de l’endroit. Le jeune homme avenant arrive toujours au bon moment et offre un service irréprochable.

Pas de carte des boissons ni de menus imprimés. Nous convenons de prendre les deux cocktails maison. La première proposition, composée de camerise, Aperol et vodka, bien que délicieuse, aurait pu bénéficier d’une pointe d’acidité de plus. La seconde, à base de vermouth de miel, vermouth de pomme, gin et pollen, parfaitement équilibrée, nous comblera. Pas seulement mixologue, notre serveur nous offrira aussi de judicieux conseils pour la sélection d’une jolie bouteille. La maison privilégie les vins nature en importation privée.

Bien que la crise sanitaire apporte son lot de défis, devoir se lever pour aller consulter le menu dans l’autre salle n’apparaît pas la plus simple des solutions. Quelques petites blagues échangées avec le couple installé directement sous le tableau ne feront que confirmer que ce va-et-vient gêne quelque peu son intimité.

La courte carte compte dix plats, les produits locaux — dont le miel ! — y sont à l’honneur.

Plats à partager

Cette fameuse tomate fumée, qui semble être au menu depuis belle lurette, nous laisse perplexes. Un peu pâteuse, elle a un goût fumé trop prononcé qui enterre tout le reste. Le mariage audacieux avec arachides, ricotta maison et thym ne saura malheureusement pas nous convaincre.

 

En revanche, le fenouil en escabèche (une marinade d’huile et de vinaigre que l’on retrouve dans la cuisine ibérique), servi avec pollen, rayon de miel et capucines, nous renverse. La jeune cheffe et copropriétaire, Fanny Ducharme, a su y capturer l’essence de l’été.

Le bar noir vient poursuivre l’opération de séduction avec sa peau croustillante et sa chair bien tendre. La purée de fleurettes de chou-fleur est lisse et beurrée à souhait, presque sensuelle. Salicorne et huile de foin complètent le tableau. Le bonheur est à son comble.

Nous étions intriguées par ce langos, une sorte de pain plat à base de farine et de pommes de terre cuit dans l’huile qui, au final, goûte un peu le beignet. Nous nous délectons de sa garniture fraîche de yaourt à l’estragon, concombre, citron et pousses de roquette. Sympathique.

Pour terminer le festin, nous optons pour les pâtes maison. Ce sont les chanterelles marinées qui ont attiré notre attention. La saison est courte, impossible de résister. Avec son beurre de fleur d’ail et ses radis, le plat avait tout pour plaire, mais le bacon d’agneau prend le dessus. Apprêtée ainsi, la bête manque un peu de finesse et roule dans la bouche. Une belle idée néanmoins.

Des deux options de desserts disponibles ce soir-là, nous n’en retiendrons qu’une, l’autre comportant des noix. Comme ces dernières peuvent mettre en péril la vie de ma comparse, la décision n’en est que plus facile. Le chou, farci de crème mélilot et de confiture de framboise, orné de quelques pousses de basilic, disparaîtra presque aussitôt déposé devant nous.

Une table franchement honnête qui ravit par son simple désir de vouloir bien faire les choses, et qui le fait dans le plaisir.


Légende

★ Je regrette de devoir vous en parler
★★ Pas mauvais, mais on n’est pas obligés de s’y précipiter
★★★ Bonne adresse
★★★★ Très bonne adresse
★★★★★ Adresse exceptionnelle pour la cuisine, le service et le décor

$ Le bonheur pour une vingtaine
$$ Une quarantaine par personne
$$$ Un billet rouge par personne
$$$$ Un billet brun par personne
$$$$$ Le bonheur n’a pas de prix

L’Épicurieux

2270, rue de l’Église, à Val-David, 819 320-0080



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