Le hockey n’est plus dans le coeur des gens comme avant

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Un partisan endeuillé du Canadien aux funérailles nationales de Jean Béliveau, en décembre 2014

Au Québec, il y a des mordus de hockey, des joueurs passionnés, des partisans férus de statistiques. Et il y a l’encyclopédie vivante nommée Gerry Rochon, sans contredit l’un de ceux les mieux placés pour décrire l’évolution de la Ligue nationale de hockey (LNH) au cours des 100 dernières années.

Lorsqu’on l’appelle sans avertir à sa résidence de Trois-Rivières, M. Rochon est déjà prêt à répondre à nos questions. Il a justement le guide de la LNH sous la main. « J’étais dans mon bureau quand le téléphone a sonné », dit-il.

Autour de lui, plus de 1500 livres sur le sport s’entassent dans la bibliothèque. Du lot, plus de 200 portent exclusivement sur le hockey. Il possède aujourd’hui des connaissances approfondies sur plus de 35 sports différents, des quilles au baseball, en passant par le basket-ball et la course automobile, mais pour cet historien et statisticien, le hockey occupe une place particulière.

« Mon intérêt pour le sport en général a commencé avec le hockey », affirme-t-il.

Concurrent remarqué

 

Gerry Rochon s’est fait connaître du public québécois en 1993, lorsqu’il a participé à l’émission Tous pour un, diffusée à Radio-Canada. Il a fait écarquiller bien des yeux en répondant presque sans faute à une série de questions pour le moins pointues sur le monde du hockey.

Un exemple parmi d’autres : « Qui a gardé les buts de son équipe lors d’un match de série finale après une blessure à son gardien en 1928 ? » « L’instructeur Lester Patrick », a répondu sans hésiter le concurrent.

Avec une telle mémoire, il n’est pas surprenant que M. Rochon se souvienne du moment exact où il est tombé amoureux hockey. C’était le 1er novembre 1959. « J’avais 9 ans et demi. » Ce soir-là, le Canadien de Montréal affronte les Rangers de New York au Madison Square Garden et le gardien du Tricolore, Jacques Plante, décide de porter un masque après avoir reçu une rondelle en plein visage. « Même ma mère, qui ne suivait pas le hockey, s’est intéressée à ça. Elle disait “regarde le fou à Plante!” »

Cet événement marquant de l’histoire du hockey l’incita à tout lire sur le sport chéri des Québécois.

Divertissement nécessaire

 

Aujourd’hui retraité, Gerry Rochon reconnaît que le hockey de la Ligue nationale a beaucoup évolué avec les années. « C’est comme le reste de la société, tout a changé. En mieux ou en pire ? Ça dépend de l’opinion de chacun. »

Il constate que les familles québécoises ont des intérêts beaucoup plus variés qu’auparavant et que le hockey est en compétition avec plusieurs autres sports lorsque les jeunes décident de bouger. « Les gens sont pas mal moins fidèles. Le hockey n’est plus dans le coeur comme il l’était », juge-t-il.

Cela dit, M. Rochon croit que Montréal demeure la ville du Canadien de Montréal et que les performances de la légendaire équipe auront toujours une influence sur le quotidien des Québécois.

« Si le Canadien avait fait les séries en 2012, le Printemps érable aurait sans doute eu lieu un an plus tard, estime-t-il. Le sport est nécessaire, parce que je pense qu’il est un tampon psychosocial pour divertir les gens, comme à l’époque romaine du pain et des jeux. […] Le divertissement, pour l’être humain, ça passe avant tout. »

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