

La LNH, cent ans d’une histoire marquée par l’instabilité
Tout a commencé par une dispute d’hommes riches, comme il arrive souvent dans le monde du sport. Mais l’aventure a bien...
Tout a commencé par une dispute d’hommes riches, comme il arrive souvent dans le monde du sport. Mais l’aventure a bien failli, aussi étrange que cela puisse paraître aujourd’hui, ne durer que le temps des roses.
Le 26 novembre 1917, il y aura 100 ans jour pour jour dimanche, les propriétaires des équipes de l’Association nationale de hockey (NHA) sont réunis à l’hôtel Windsor, un luxueux établissement du centre-ville de Montréal qui accueille à peu près tout ce qu’on peut compter de personnalités de passage dans ce qui est alors la métropole du Canada.
Fondée en 1909 par John Ambrose O’Brien, un investisseur prospère qui a fait fortune dans le secteur minier et a cette même année créé le Canadien de Montréal, la NHA a révolutionné le hockey en instaurant le jeu à six joueurs de part et d’autre, un de moins qu’il était de coutume à l’époque. En 1917, la NHA est l’un des deux principaux circuits de sport professionnel au pays, l’autre étant la Pacific Coast Hockey Association. Depuis peu, les deux concourent annuellement pour l’obtention de la Coupe Stanley.
Au fil de sa courte existence, la NHA a traversé des moments difficiles, devant notamment composer avec une pénurie de joueurs et d’autres restrictions induites par la Première Guerre mondiale. Elle a amorcé la saison 1916-1917 avec six clubs, mais en a perdu deux en cours de route. En effet, les membres du 228e Bataillon de Toronto, formé de militaires, doivent aller combattre en Europe et les Blueshirts de Toronto, propriété d’Eddie Livingstone, ont été suspendus à la suite de différents quiproquos. Livingstone, un homme querelleur et acariâtre, accuse notamment ses homologues de lui voler des joueurs et de ne pas respecter leurs engagements, et il multiplie les griefs et poursuites.
Prenant bien soin de ne pas l’inviter, les proprios de la NHA se rencontrent sans lui ce 26 novembre. Quatre jours auparavant, au même hôtel Windsor, ils ont résolu, devant les problèmes juridiques posés par une expulsion formelle de Livingstone, de créer un circuit parallèle.
La Ligue nationale de hockey (LNH) naît de manière bien concrète. À l’époque, il est entendu que l’entreprise sera temporaire et qu’on reviendra à la NHA dès qu’on se sera débarrassé du mouton noir, qui refusera toutefois de lâcher le morceau pendant des années, forçant la LNH à perdurer malgré elle…
À ses débuts, la LNH compte quatre équipes. Trois sont des rescapées de la NHA : le Canadien, les Wanderers de Montréal et les Sénateurs d’Ottawa. Une franchise est par ailleurs accordée au Toronto Hockey Club, qui deviendra plus tard les Arenas, puis les St. Patricks, puis les Maple Leafs à compter de 1927. L’autre formation de la NHA, les Bulldogs de Québec, décide d’interrompre provisoirement ses activités en raison de contraintes financières. Elle reviendra pour une saison, 1919-1920, avant de déménager à Hamilton.
Mais les ennuis ne tardent pas à guetter la jeune LNH, et ceux-là ne sont pas imputables à Eddie Livingstone. Il s’est écoulé deux semaines à peine depuis le début de la saison régulière le 19 décembre lorsque, le 2 janvier 1918, l’aréna de Westmount, situé à un coin de rue du futur Forum de Montréal, est rasé par les flammes. Le domicile du Canadien et des Wanderers est une perte totale.
C’en est trop pour le propriétaire de ces derniers, Sam Lichtenhein. Les Wanderers ont connu de glorieuses heures, remportant la Coupe Stanley à de multiples reprises entre 1906 et 1910 (à une époque où le titre était disputé plusieurs fois par année). Mais en ce début de 1918, l’équipe tire le diable par la queue depuis trop longtemps au goût de Lichtenhein, qui évoque des pertes d’argent substantielles. Dans les heures qui suivent l’incendie, il annonce la dissolution des Wanderers.
La survie de la LNH, désormais réduite à trois clubs, tient dès lors à la décision d’un seul homme, George Kennedy, un Montréalais qui vient tout juste d’avoir 36 ans et a de l’énergie à revendre. L’ancien lutteur, converti en promoteur de combats et d’autres événements sportifs, n’est pas du genre à baisser les bras facilement. Il s’est porté acquéreur du Canadien des mains d’Ambrose O’Brien en 1910 et il a méthodiquement bâti une formation solide qui est allée jusqu’à conquérir la Coupe Stanley en 1916 ; le CH, jure-t-il, va survivre.
Il emprunte de l’équipement pour ses joueurs et réserve l’aréna Jubilee, sis sur la rue Sainte-Catherine dans l’est de Montréal. La Ligue nationale de hockey allait ainsi pouvoir poursuivre son chemin, même si Kennedy n’était pas au bout de ses peines : quelques mois plus tard, l’aréna Jubilee allait à son tour être la proie des flammes, et le Canadien en serait quitte pour s’installer à l’aréna Mont-Royal. C’était quelques années avant l’ouverture du Forum.
Un siècle après son avènement, la LNH peut se pencher sur une histoire chargée. Elle a vu pendant une quinzaine d’années deux équipes montréalaises, le Canadien et les Maroons, se livrer des batailles épiques. Elle s’est attaquée aux États-Unis dès 1924 avec la naissance des Bruins de Boston. Elle a compté jusqu’à 12 clubs avant que la crise des années 1930 ne la contraigne à un régime minceur, qu’elle a observé durant 25 ans avec ses six équipes « originales » qui évoquent encore aujourd’hui un certain âge d’or du hockey. Elle a doublé ses cadres d’un seul coup en 1967, a guerroyé avec l’Association mondiale, a traversé des conflits de travail déchirants. On n’a pas 100 ans sans qu’une quantité de souvenirs affleurent.
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