Manifestation à Québec contre le profilage racial

Une « caravane » de manifestants contre le profilage racial au sein des services de police du Québec se dirige vers l’Assemblée nationale cet après-midi. Les manifestants, qui ont entamé leur parcours vers 13 h au bureau de circonscription de la CAQ dans Montmorency (Beauport), exigent des changements au Code de la sécurité routière du Québec et des engagements des partis politiques.
« Nos revendications sont claires, on exige la révocation de l’article 636 du Code de la sécurité routière du Québec », affirme le co-organisateur de l’événement, Mbaï-Hadji Mbaïrewaye. Il est responsable du chantier « profilage racial » au sein du Collectif 1629, un organisme qui lutte contre le racisme à Québec.
L’article du Code de la sécurité routière que les organisateurs de l’événement remettent en cause stipule entre autres qu’un agent de la paix puisse exiger que le conducteur d’un véhicule routier l’immobilise, et qu’un agent de la paix peut prendre possession d’un véhicule routier « sans la permission du propriétaire » s’il a un « motif raisonnable » de croire qu’une infraction est commise.
Cet article « permet aux policiers d’intercepter les véhicules de façon aléatoire [et] est utilisé comme prétexte pour enquêter sur les personnes afro-descendantes comme de potentielles criminelles à cause de leur appartenance raciale ou ethnique », indique un communiqué des organisateurs de la caravane.
« On veut donc envoyer un message à la police à Beauport, mais aussi à la CAQ. Ils ne font rien, et nous, on propose une solution concrète », ajoute M. Mbaïrewaye.
« Augmentation » du profilage à Québec ?
M. Mbaïrewaye ajoute que le bureau de circonscription de la CAQ dans Beauport a été choisi pour commencer l’événement parce que cet arrondissement de Québec connaît une « forte augmentation » des cas de profilage racial qui lui sont rapportés par des personnes noires.
« Il y a une banalisation du problème à Beauport, autant du côté des automobilistes que des piétons. Les gens sont arrêtés pour des motifs farfelus, il semble même que les policiers en rient », dit-il.
La Ville de Québec s’est d’ailleurs associée à une chaire de recherche de l’Université Laval pour produire un rapport sur le profilage racial au sein de la police de Québec qui est attendu pour 2023. Cible de critiques de l’opposition à l’hôtel de Ville au printemps dernier, le chef de la police de Québec, Denis Turcotte, avait également précisé que des enquêtes seraient menées « automatiquement » si des cas de profilage racial venaient à son attention.
Des améliorations en vue ?
La « caravane » regroupe de nombreux organismes, incluant des « associations communautaires de Québec, de Montréal et de Repentigny », indique son communiqué. Selon M. Mbaïrewaye, le profilage racial est généralisé partout au Québec. Il déplore tout particulièrement la situation à Repentigny.
« Je comprends que Repentigny tente d’améliorer la situation, mais leurs mesures sont cosmétiques. Les résultats nous importent, pas les intentions », soutient M. Mbaïrewaye. La police de Repentigny a notamment fait appel à une firme indépendante pour transformer son organisation dans la foulée des critiques de profilage racial des dernières années.
Pour l’heure, M. Mbaïrewaye prend la route vers l’Assemblée nationale, convaincu que « plus d’actions doivent être prises, notamment des engagements de la part des chefs de partis politiques ». Il souligne d’ailleurs la difficulté de « mobiliser des gens contre le racisme à Québec », mais se réjouit de la présence des dizaines de personnes qui sont à ses côtés aujourd’hui.