Ali Ngarukiye conteste l’expertise qui l’a déclaré apte à subir son procès

L’avocat du jeune homme accusé d’avoir tenté de tuer en janvier le policier montréalais Sanjay Vig puis d’avoir assassiné un codétenu, va contester l’expertise qui l’a déclaré apte à subir son procès criminel.
L’accusé, l’air confus, a été emmené mercredi par quatre colosses de la sécurité publique dans le box des accusés pour sa comparution au palais de justice de Montréal. Ils sont restés tout à côté de lui, l’encerclant durant toute la période où sa présence était requise devant la juge.
Son avocat, Me Lloyd Fischler, a déclaré que l’expertise psychiatrique déposée lundi, qui a déclaré l’homme de 22 ans apte, sera contestée. Il a d’ailleurs demandé la réalisation d’une autre évaluation de son état mental par un psychiatre.
La défense et la Cour ne sont pas liés par ce premier rapport, a expliqué par la suite le procureur de la Couronne, Me Louis Bouthillier.
Pendant ce temps, menotté aux pieds et aux mains, l’accusé jetait des regards furtifs vers le plafond, et avait l’air égaré.
Lorsque la juge Guylaine Rivest lui a demandé s’il reconnaissait son avocat, il a répondu en anglais: « ce n’est pas mon avocat. Je n’ai pas d’avocat. »
Il a plutôt insisté pour « voir son sac ». Lorsque Me Fishler lui a exhibé un sac de cuir, l’accusé a demandé ce qui se trouvait à l’intérieur. Il cessait par moment d’écouter la juge, semblant nerveux de la présence des agents près de lui et les dévisageant.
La magistrate a accepté qu’il soit détenu à l’Institut psychiatrique Philippe-Pinel en attendant la suite des procédures, et non pas en prison, «vu son état mental ».
La seconde expertise sur son aptitude à subir un procès sera déposée le 24 janvier prochain et la psychiatre sera alors interrogée en présence de la juge, qui tranchera sur son aptitude.
« Je veux que la vitre soit nettoyée»
Cette dernière a alors demandé à l’accusé s’il comprenait ce qui venait d’être décidé.
« Je veux que la vitre soit nettoyée. J’ai besoin de bien vous voir. C’est comme ça que ça doit se passer », s’est-il borné à répondre à la juge, référant aux plaques de plexiglas qui entourent le box où il se trouvait.
Il a été escorté à l’extérieur de la salle de cour, sans cesser de dire à la juge: « est-ce que je peux vous voir? Je veux vous voir correctement. »
Dans la salle se trouvaient plusieurs de ses proches, dont une femme qui pleurait et tentait désespérément de le voir à travers la vitre.
Lundi, l’accusé avait l’air hagard et l’audience a pris fin lorsqu’il semblait se parler à lui-même plutôt que de répondre aux questions du juge. Le dossier avait donc été reporté à ce mercredi, en raison de son comportement, mais aussi pour qu’il puisse discuter avec son procureur en personne.
Le jeune homme est l’auteur présumé de cette attaque survenue en janvier dernier, sur le policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour laquelle Mamadi III Fara Camara, un Montréalais sans histoire, avait été injustement arrêté et détenu pendant six jours.
Une expertise psychiatrique antérieure en était arrivée à la conclusion que l’accusé peut être tenu criminellement responsable des gestes qui lui sont reprochés.
Le mandat d’arrestation déposé contre lui comprend une liste de sept chefs d’accusation, dont tentative de meurtre, voies de fait graves contre un policier, avoir désarmé un agent de la paix et avoir déchargé une arme à feu, en plus de deux accusations de vol de voiture.
Pendant sa détention préventive, il aurait assassiné le détenu avec lequel il partageait sa cellule. Il fait donc face en plus à des accusations de meurtre et d’outrage à un cadavre.