Une municipalité sur cinq a demandé son retrait des zones inondables

Depuis juin, plus d’une centaine d’exemptions aux ZIS ont déjà été autorisées dans au moins 69 municipalités.
Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir Depuis juin, plus d’une centaine d’exemptions aux ZIS ont déjà été autorisées dans au moins 69 municipalités.

Depuis juin, pas moins de 183 municipalités ont demandé à être exemptées au moins en partie des zones d’intervention spéciales (ZIS) et le gouvernement continue de recevoir des demandes.

Les villes qui voulaient se soustraire aux règles avaient jusqu’au 19 août pour faire de nouvelles demandes au gouvernement. Selon le ministère des Affaires municipales, au total, 183 municipalités, 7 MRC et 5 arrondissements ont demandé des exemptions cet été sur les 813 ciblées au départ, soit plus d’une sur cinq.

Or le ministère accepte toujours de nouvelles demandes d’exemption, a confirmé l’attachée de presse de la ministre Andrée Laforest mardi. Plus tôt dans la journée, la mairesse d’une municipalité avait signalé au Devoir qu’on lui avait donné jusqu’au 9 septembre pour formuler de nouvelles requêtes.

Deux mois après les inondations d’avril, le gouvernement Legault a créé en juin les ZIS pour freiner les constructions dans les zones à risque. Il s’agissait, disait-on, d’une mesure transitoire en attendant une refonte plus ambitieuse de l’aménagement du territoire.

Les ZIS ciblaient les constructions inondées en 2017 ou en 2019 ainsi que celles situées dans des zones inondables 0-20 ans.

Or, rapidement, de nombreux élus se sont plaints de ces nouvelles règles, ce qui a amené le gouvernement à modifier sa carte des zones inondables à cinq reprises. Ainsi, depuis juin, plus d’une centaine d’exemptions aux ZIS ont déjà été autorisées dans au moins 69 municipalités et d’autres pourraient s’ajouter en septembre.

Des élus mécontents

 

Les MRC du Témiscamingue et d’Abitibi-Ouest font partie des demandeurs dont les dossiers n’ont pas encore été traités. « Ici, ce sont des barrages qui gèrent nos cours d’eau […] C’est jamais la nature qui va nous affecter, c’est la gestion des barrages », affirme le préfet de la MRC d’Abibiti-Ouest, Jaclin Bégin, qui souhaite exclure de la zone des secteurs dans les environs de La Sarre, notamment. « Le gouvernement devrait plutôt s’entendre avec ceux qui gèrent les barrages. »

Du côté de la MRC du Témiscamingue, la préfète Claire Bolduc abonde dans ce sens. « Les lacs autour desquels on a mis les ZIS sont des lacs-réservoirs, dit-elle. Ce sont les gestionnaires de barrages qui règlent l’eau. »

Pour assujettir une résidence aux contraintes de la ZIS, deux critères s’appliquent : avoir été victime des inondations de 2017 ou de 2019 ou être située dans une zone 0-20 ans. Or Mme Bolduc affirme que ce n’est pas le cas des résidences visées par la ZIS sur son territoire. « Ce n’est pas un phénomène naturel, c’est une gestion humaine qui est en cause. »

À l’exception de ces MRC, la plupart des demandes d’exemption venaient des régions de la Mauricie, de Montréal, de l’Outaouais, de Laval, de Lanaudière, des Laurentides, de la Montérégie et du Centre-du-Québec.

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