Eaux usées à Montréal : la facture de l'usine d'ozonation grimpe encore

Le traitement par ozonation permettra de traiter plus efficacement les eaux usées qui sont rejetées dans le fleuve Saint-Laurent.
Photo: Marc Bruxelle iStock Le traitement par ozonation permettra de traiter plus efficacement les eaux usées qui sont rejetées dans le fleuve Saint-Laurent.

La facture du système d’ozonation pour traiter les eaux usées de l’agglomération de Montréal continue de grimper. Évalué à 200 millions en 2008, le projet de désinfection des eaux de la station d’épuration Jean-R.-Marcotte atteint maintenant 717 millions de dollars et il ne sera en service qu’en 2025, a indiqué la directrice du Service de l’eau, Chantal Morissette, lundi, lors de l’étude du budget 2022 de la Ville de Montréal.

Le traitement par ozonation permettra de traiter plus efficacement les eaux usées qui sont rejetées dans le fleuve Saint-Laurent. En plus d’éliminer les coliformes fécaux et de détruire les virus, ce procédé permettra d’éliminer une bonne partie — entre 75 et 90 % — des polluants émergents tels que les médicaments, les anovulants et les antibiotiques qui se retrouvent dans les eaux usées.

Lorsque le projet d’ozonation avait été annoncé en 2008, le maire Gérald Tremblay avait évoqué un coût de 200 millions et une mise en service pour 2013. Beaucoup d’eau a coulé dans les conduites d’égouts depuis ce temps, et le projet s’est heurté à plusieurs obstacles.

En 2019, le Bureau de l’inspecteur général (BIG) avait soulevé des problèmes d’éthique dans l’octroi d’un contrat à un consultant et lors d’appels d’offres qui auraient favorisé l’entreprise Degrémont.

Puis, en 2020, deux appels d’offres lancés à quelques mois d’écart, l’un pour la construction de bâtiments et l’implantation de l’unité d’ozonation et l’autre pour les équipements de production d’oxygène, n’ont pas permis à la Ville d’obtenir des soumissions conformes, a expliqué lundi le directeur du Service de l’épuration des eaux, Bruno Hallé, devant la Commission des finances. « Il a fallu revoir le mode de réalisation des travaux pour diviser la construction de l’unité de production d’ozone en plusieurs lots. […] On a également revu notre stratégie pour l’unité de production d’oxygène et on va y aller sur un mode un peu plus traditionnel, c’est-à-dire que la Ville va acheter les équipements et va trouver un entrepreneur pour en faire l’installation », a-t-il dit.

200 millions
C’est le coût initial du projet annoncé en 2008 par le maire de l’époque, Gérald Tremblay. Le coût du projet s’élève aujourd’hui à 717 millions de dollars.

Plusieurs éléments du projet sont déjà prêts, dont les équipements d’ozonation qui sont construits à 90 %, a indiqué la directrice du Service de l’eau, Chantal Morissette. « Le projet avance bien. Il y a eu des difficultés techniques importantes au cours des dernières années qui ont retardé le projet et qui ont amené certains coûts supplémentaires », a-t-elle admis. « Pour chaque année de retard, on a de 20 à 25 millions de dépenses supplémentaires, d’où l’importance d’être capables d’octroyer nos contrats le plus rapidement possible. »

Ainsi, le coût du projet est désormais évalué à 717 millions de dollars, et le système devrait entrer en service en 2025 si la Ville arrive à octroyer les contrats nécessaires, a expliqué Mme Morissette. Le projet est subventionné à 66 % par les gouvernements fédéral et provincial.

L’usine d’épuration Jean-R.-Marcotte est l’une des plus grandes au monde et traite en moyenne 28 mètres cubes d’eau par seconde, a indiqué M. Hallé.

Compteurs d’eau

Le Service de l’eau a dressé le bilan de ses activités pour 2021 et ses prévisions budgétaires pour 2022.

Selon les informations fournies par la Ville, Montréal traite deux fois plus d’eau potable par tranche de 100 000 habitants que les villes de Toronto, de Calgary et de Winnipeg. « On a donc beaucoup de chemin à faire pour atteindre les objectifs de la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable », a reconnu Chantal Morissette. Celle-ci a cependant rappelé que les industries et commerces seraient bientôt tarifés pour l’eau qu’ils utilisent. « La réflexion sur l’installation de compteurs d’eau pour le résidentiel, ça demeure une décision qui doit être discutée avec la population et les élus », a-t-elle ajouté.

Mme Morissette a par ailleurs signalé que le budget de fonctionnement du Service de l’eau n’avait pas augmenté au même rythme que l’inflation, ce qui entraîne un manque à gagner récurrent : « Est-ce que [la solution] sera d’augmenter la taxe d’eau ? Diversifier les revenus ? La solution reste à trouver. »

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