Gallimard se tient prêt à publier des inédits de Céline

La découverte de manuscrits inédits de Louis-Ferdinand Céline, dévoilés début août, a été un fracas, aussi bien dans le monde littéraire qu’au sein de la rédaction de Libé. Et semblait ouvrir une bataille éditoriale entre les ayants droit de l’auteur de Voyage au bout de la nuit et l’ex-journaliste de Libération Jean-Pierre Thibaudat, découvreur de ces pages jaunies, qui avait gardé le silence pendant 15 ans. Dans ce contexte, Antoine Gallimard, président de la maison d’édition du même nom, a assuré vendredi dernier à l’AFP qu’il entendait jouer son rôle d’« éditeur exclusif » de l’œuvre littéraire de Céline.
« Céline accordait une telle importance à ces manuscrits », rappelle l’éditeur à propos de ces textes dérobés dans l’appartement parisien de l’écrivain lors de la libération de la France, que « Gallimard doit jouer le rôle qui a toujours été le sien depuis 1951, conformément au souhait de l’auteur : l’éditeur exclusif de son œuvre littéraire. Nous ne manquerons pas à l’appel, tant par enthousiasme que par devoir. »
Un trésor
Quelque 6000 feuillets inédits ont été récupérés fin juillet, dans les locaux de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) à Nanterre, par les ayants droit de Louis-Ferdinand Céline, de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches (1894-1961), et de sa veuve, Lucette Destouches, décédée en 2019. L’existence de ces documents et leur parcours rocambolesque ont été rendus publics début août par Le Monde. Ils avaient été conservés pendant 15 ans par Jean-Pierre Thibaudat, critique dramatique et ancien journaliste de Libé, qui affirme se les être vu remettre par un de ses lecteurs dont il n’a pas révélé l’identité.
« Je suis très rassuré qu’un tel trésor ait finalement été confié aux ayants droit, a dit Antoine Gallimard. C’est une véritable garantie, tant pour la conservation que pour la publication et la mise en valeur des manuscrits. »
« On trouverait [notamment] parmi les 1000 pages d’inédits le texte d’un de ses romans majeurs, Casse-pipe […], des échanges épistolaires avec [l’écrivain collaborationniste] Robert Brasillach », expliquait à Libé Philippe Roussin, spécialiste de Céline.
Alors que le monde de l’édition, chercheurs et spécialistes, s’interroge sur le devenir de ces textes, Antoine Gallimard rappelle la « priorité donnée à [sa] maison d’édition pour la publication de tout écrit inédit à venir » dans un contrat signé avec la veuve du sulfureux auteur après sa mort. Philippe Roussin estime qu’« il est essentiel que ces textes soient publiés, et s’ils ne le sont pas intégralement, que les manuscrits soient accessibles au public ».
Impatience
Alors qu’« un nouveau moment de cette histoire éditoriale s’ouvre », le président des éditions Gallimard s’est dit « très impatient de voir [sa] maison accueillir de nouvelles éditions de ces pages retrouvées ». « L’édition est aussi une affaire de patience. Le travail doit être mené de façon très scrupuleuse », a-t-il souligné avant de préciser que « nous saurons tenir compte aussi bien de l’intérêt légitime des lecteurs que des préconisations de la communauté scientifique ».
Le travail d’édition auquel se tient prête la maison Gallimard se fera, indique encore l’éditeur, « dans la mesure bien entendu où les ayants droit de l’écrivain, avec lesquels nous entretenons les meilleures relations, nous auront fait part de leur accord ». Contactés par l’AFP, ceux-ci ont évoqué une possible rencontre au début du mois de septembre avec l’éditeur.
Avec l’Agence France-Presse
Ces textes ont été dérobés dans l’appartement parisien de l’écrivain lors de la libération
de la France