
Long poème d’hiver (1/2)

Je n’ai jamais écrit
Un poème sur l’hiver
Un bon poème sur l’hiver
C’est un triathlon
C’est jeudi
Il n’y a pas de différence
C’est mes mains
C’est la lumière noire
Tous mes cheveux blancs
J’ai vieilli d’un seul coup
Le long vidéo que j’ai fait pour un ami qui a battu son cancer
On est deux éclopés
Je t’aime mon gars
J’improvise à cent pour cent
J’improvise depuis que je suis né
J’essaye de trouver le centre de quelque chose
mais je n’y arrive pas
Je sais pas
Ma laveuse fait des traces de poussière sur tous mes vêtements
J’essuie toutes les traces à la guenille
Je sais que mon linge est propre quand je le lave à la guenille
J’improvise
J’ai de la poussière dans la tête
Des cheveux blancs depuis mes six ans
Je ne fais rien d’autre que d’avoir des cheveux blancs
Je ne me rappelle plus la dernière pleine lune
La nuit ça marche comment ?
Sûrement un pied devant l’autre
Sûrement une crise demain
Je replace la chaise sur mon balcon
Comme je replace un coucher de soleil
Je sors le coffre à outils de ma blonde
Je prends le niveau
Je suis payé pour mettre à niveau
toutes les choses qui méritent d’être droites
Le programme Word
La lueur
La fourchette
Le cœur en dernier
Le vent sur le balcon me niaise en esti
Il me fait tomber
Il me tue du deuxième étage
J’appelle un ami pour qu’il vienne m’aider à me relever
Comme quand j’étais trop saoul sur le boulevard Industriel
Gab est venu me chercher avec son pick-up
Comme quand les policiers sont venus me chercher sur le viaduc
Il faisait –40
J’étais allongé sur le dos
Je regardais les étoiles
J’étais ben
Demain c’est Noël
C’est surtout jeudi
Je n’ai fait qu’un seul cadeau
Des pantoufles
J’espère qu’elles sont assez chaudes
pour tenir le poids d’une seule étoile à Bethléem
Personne n’en parle
Mais Jésus puait
C’est pas grave
Moi aussi je pue
Aidez-moi à relever les chaises dans mes mains
Ce n’est pas facile
C’est la lumière noire
C’est jeudi
C’est un coucher de soleil avec de la poussière dessus
Voyons
On l’a-tu notre pays ?
Est-ce qu’on s’en fout ?
I’m not sure about that
L’Office québécois de la langue française
va porter plainte contre moi maintenant
Ça ne me dérange pas
Je me cacherai la nuit dans les fougères
Je suis bon pour dormir dans mes bras
Où est-ce qu’on va finir nos jours ?
Je n’arrive pas à la cheville de toutes les neiges
Je ne connais pas la valeur de l’argent
Si on me donnait 1 milliard j’achèterais un bidule à 1 milliard
Where are we going ?
Au pire je vais tomber où je vais
Mes blessures vont guérir
Je vais donner ma place à quelqu’un
Quand je ne sais pas quoi faire
Je te tiens par la main
C’est peut-être une catastrophe
Le prénom Christophe vient du mot catastrophe
Un dérivé logique où je tombe encore
C’est naturel pour moi
C’est un travail à temps plein
Ma place dans le monde c’est un travail à temps plein
Au pire
Je ne sais pas ce que je crée
Au pire
La lumière noire a la forme de tes doigts
Au pire
Ta main c’est la place du monde
Au pire
Ta main
C’est toute la place du monde
Lisez la suite de Long poème d’hiver dans l’édition du 31 décembre.