Omicron freine la reprise du trafic aérien

Questionnée sur la possibilité que les présentes mesures puissent aboutir sur des mises à pied, Air Canada a précisé que les prochaines suspensions de vols «n’entraîne[raient] aucune réduction d’effectifs».
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Questionnée sur la possibilité que les présentes mesures puissent aboutir sur des mises à pied, Air Canada a précisé que les prochaines suspensions de vols «n’entraîne[raient] aucune réduction d’effectifs».

Alors que le ciel s’éclaircissait doucement pour le milieu local de l’aviation, avec la remontée du trafic de passagers à l’aéroport Montréal-Trudeau, la percée du variant Omicron force désormais les compagnies aériennes à réviser leurs plans pour l’hiver. Air Canada et Air Transat ont annoncé des annulations de vols pour les prochaines semaines et rembourseront les voyageurs concernés.

Mercredi, Air Canada annonçait la suspension, du 24 janvier au 30 avril prochains, des liaisons avec quinze destinations soleil « où la résurgence de la COVID-19 et les nouveaux règlements des administrations publiques ont entraîné une demande réduite ». Selon le site du transporteur, les destinations suspendues seront les suivantes : Antigua, Aruba, Samaná, Curaçao, Exuma, la Grenade, Puerto Plata, Santo Domingo, les Bermudes, Grand Cayman, La Havane, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Saint-Martin/Sint Maarten et Saint-Kitts-et-Nevis.

« Ces modifications n’auront une incidence que sur 7 % de nos clients étant donné que nous maintenons l’exploitation de nos vols pour 23 destinations soleil tout l’hiver », précisait toutefois la compagnie aérienne.

Jeudi, c’était au tour d’Air Transat d’annoncer sa décision d’annuler « près de 30 % des vols de [son] calendrier pour les départs prévus du 6 janvier au 25 février 2022 ». La société a expliqué que les effets persistants de la pandémie et les mesures sanitaires s’étaient répercutés sur les « réservations et les demandes d’annulation », ce qui justifie l’annulation des vols « où la rentabilité était affectée par les faibles taux de remplissage ».

Questionnée sur la possibilité que les présentes mesures puissent aboutir sur des mises à pied, Air Canada a précisé que les prochaines suspensions de vols « n’entraîne[raient] aucune réduction d’effectifs ». De son côté, Air Transat a dit qu’elle évaluait la situation du variant Omicron et son incidence « sur une base quotidienne » et qu’elle prendrait « les décisions appropriées en temps opportun ». Elle n’exclut pas non plus de faire « d’autres ajustements » sur le reste de son programme d’hiver si cela s’avère nécessaire.

Si Omicron a récemment assombri les perspectives de reprise du secteur aérien, un vent d’optimisme soufflait pourtant sur lui depuis l’été. Au cours des derniers mois, l’engouement pour le voyage s’est traduit par un bilan du trafic de passagers bien plus enviable qu’à la même période l’an passé. En novembre dernier, plus de 700 000 passagers ont embarqué ou débarqué à l’aéroport Montréal-Trudeau, soit environ quatre fois plus qu’en novembre 2020. Ce nombre reste tout de même en deçà du niveau prépandémique de novembre 2019, où près de 1,4 million de voyageurs avaient transité par l’aéroport.

« À partir de l’été dernier, avec le succès de la vaccination dans les pays riches, on commençait à voir un peu la lumière au bout du tunnel. Les compagnies ont ressorti leurs avions. On a rappelé les pilotes, le personnel de bord, les gens de maintenance », explique Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile.

En novembre, le trafic de passagers à l’aéroport Montréal-Trudeau correspondait à plus de 50 % de ce qu’il était en 2019 — c’était la première fois qu’il franchissait ce cap depuis le début de la pandémie. « Les compagnies aériennes espéraient même peut-être retourner à un trafic encore plus haut durant le temps des Fêtes, sauf qu’Omicron est arrivé », observe M. Ebrahimi.


 

« La reprise a été tellement rapide cette année, et les gens ont rempli les avions bien au-delà de ce qu’on pensait. Cela a fait en sorte que les prévisions un peu pessimistes selon lesquelles on ne verrait pas un retour à la normale avant 2024 avaient été rapprochées. On pensait peut-être que ça pourrait avoir lieu à la fin 2022, mais le nouveau variant est complètement venu bouleversé tout ça », note M. Ebrahimi, selon qui le secteur est encore loin d’être tiré d’affaire.

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