Québec appelé à favoriser les technologies propres dans les contrats publics

Si le Québec veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), le gouvernement doit imposer de nouvelles mesures tenant compte de cet objectif pour l’octroi de contrats publics, plaident des représentants du secteur des technologies propres. Ils espèrent que leur appel sera entendu par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, qui doit bientôt dévoiler la stratégie gouvernementale pour les marchés publics.
La stratégie pour les marchés publics devrait être déposée « dans les prochaines semaines », confirme l’attachée de presse de Mme LeBel dans un courriel au Devoir. Pour André Rochette, président et fondateur d’Ecosystem, une entreprise montréalaise spécialisée dans les systèmes énergétiques des bâtiments, il s’agit d’une occasion à saisir.
Au lieu que les appels d’offres soient attribués sur le principal critère du plus bas coût, le gouvernement du Québec devrait généraliser les appels de solutions et les contrats de performance axés sur les résultats pour les contrats publics d’infrastructures, suggère M. Rochette à titre d’exemple.
L’entrepreneur cite le cas du Parc olympique. « Grâce à un appel à solutions, le Parc olympique a choisi d’implanter à son stade un projet qui lui a permis de réduire considérablement ses frais d’exploitation. Cette approche lui a permis de diminuer de 38 % sa facture d’énergie et de 82 % ses émissions de GES », explique-t-il. « Il y a beaucoup de projets qui pourraient bénéficier de cette approche plutôt que celle qui est traditionnelle, comme les projets d’amélioration de la ventilation dans les écoles », illustre-t-il.
David Arsenault, président et cofondateur d’Effenco, une entreprise montréalaise spécialisée dans l’électrification des véhicules lourds vocationnels, expliquait lui aussi, dans une entrevue accordée au Devoir en octobre, qu’actuellement, sans règlement visant à favoriser les soumissionnaires avec un meilleur bilan en matière environnementale dans les appels d’offres, les entreprises travaillant dans le secteur des technologies propres sont désavantagées.
« C’est plus difficile de percer quand il n’y a aucune exigence [environnementale] dans les devis. Un opérateur privé au Québec n’a pas vraiment d’incitatif à choisir des technologies vertes, si ce n’est sa conviction », faisait-il valoir.
Des « vitrines » du savoir-faire
Denis Leclerc, président et chef de la direction d’Écotech Québec, qui représente la grappe des technologies propres au sein de la province, abonde dans ce sens. Et selon lui, le gouvernement devrait s’inspirer de ce qui se fait dans le domaine de l’art pour l’appliquer au domaine des technologies propres.
« Soixante ans après l’adoption de la Politique du 1 % d’intégration de l’art public dans les bâtiments publics, pourquoi ce qui a si bien fonctionné pour nos artistes culturels ne pourrait-il pas inspirer une politique similaire pour les innovations qui luttent contre les changements climatiques ou qui préservent nos ressources naturelles ? » estime M. Leclerc.
Selon lui, une politique d’intégration des technologies propres québécoises permettrait à la fois de mettre en valeur le savoir-faire québécois et d’améliorer le bilan environnemental du gouvernement. « Il faut absolument que la stratégie [pour les marchés publics] contribue à l’atteinte des cibles environnementales et climatiques et surtout montre l’exemplarité de l’État en ce sens », dit-il.
Quant à savoir quelles étaient ses ambitions, le Secrétariat du Conseil du trésor du Québec a précisé par courriel ne pas être en mesure de dévoiler le contenu de la stratégie gouvernementale avant que le projet de loi ne soit déposé.