Des allégements aux restrictions de voyage salués, mais pas suffisants
La fin de la quarantaine obligatoire pour les voyageurs entièrement vaccinés revenant au Canada est une bonne nouvelle pour les compagnies aériennes et les agences de voyages, mais moins pour l’industrie touristique québécoise.
« L’effet va être énorme sur l’industrie du voyage », considère Moscou Côté, président de l’Association des agents de voyages du Québec (AAVQ). Si les ventes des membres de l’AAVQ étaient déjà d’environ 15 % par rapport à la période prépandémique avant l’instauration de la mesure, elles ont chuté à environ 2 % après la mise en place de la quarantaine de trois jours à l’hôtel en février.
Le séjour obligatoire à l’hôtel, coûtant au total facilement plus de 1000 $ par personne, a eu un fort effet dissuasif. Or, l’agence de M. Côté, Voyages Constellation, reçoit à nouveau des appels depuis quelques semaines, en raison des assouplissements attendus. « On est plus occupés aujourd’hui que dans les dernières semaines, et on était plus occupés dans les dernières semaines que dans les derniers mois », a souligné l’homme d’affaires, qui commence à réembaucher. Il ne s’attend pas à un raz-de-marée, mais plutôt à une reprise graduelle, à mesure que s’élargira le bassin de citoyens ayant reçu leurs deux doses de vaccin.
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Les compagnies aériennes ont aussi accueilli avec enthousiasme l’annonce du gouvernement fédéral. Malgré tout, le Conseil national des lignes aériennes du Canada a réclamé lundi, par voie de communiqué, « un plan de redémarrage clair et complet pour les voyages internationaux », afin que les entreprises puissent planifier la reprise de leurs activités.
L’offre de vols internationaux en partance du Québec augmentera d’ailleurs dans les prochains mois. Transat recommencera le 30 juillet à offrir des vols vers les États-Unis, l’Europe et le Sud. Des forfaits soleil seront également disponibles avec Sunwing dès le mois d’août. Pour l’instant, constate M. Côté, les prix annoncés ressemblent à ceux qu’on pouvait voir avant la pandémie. Le titulaire de la Chaire de tourisme Transat, Marc-Antoine Vachon, estime quant à lui qu’il est difficile pour l’instant de prévoir l’effet des nouveaux allégements, combinés à une hausse de l’offre de vols, sur les prix des billets.
En panne de touristes
Par ailleurs, l’annonce de lundi pourrait désavantager l’industrie touristique canadienne, croit Marc-Antoine Vachon. « Ce qu’on espère depuis le début, c’est la réciprocité, un échange de touristes, souligne ce professeur à l’UQAM. Il y a une proportion non négligeable de Québécois qui pourraient déplacer leur prochain voyage aux États-Unis et y consacrer la majeure partie de leur budget touristique. En contrepartie, on n’a pas encore ouvert la porte aux touristes étrangers. »
C’est ce que dénonce la Table ronde canadienne du voyage et du tourisme. « Les entreprises d’accueil canadiennes ont besoin des voyageurs internationaux pour survivre », a indiqué l’organisme dans un communiqué.
Mitchell Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix, craint aussi que ces allégements puissent être dommageables. Il souligne que les Européens et les Américains représentent traditionnellement de 10 à 15 % des touristes de la région, mais qu’ils dépensent beaucoup plus que les Québécois. « On espère que ça changera pour septembre et octobre, parce que ce sont des mois où la proportion de touristes étrangers augmente à plus de 50 % », a dit M. Dion.
De son côté, le directeur général d’Événements Attractions Québec préfère voir le verre à moitié plein. « C’est une bonne première étape. Ça démontre qu’on entame le processus vers un retour aux échanges », a commenté François-G. Chevrier.
De plus, la majorité des Québécois ont déjà planifié leurs vacances, croit Annie Langevin, directrice générale de Tourisme Cantons-de-l’Est. « Les gens ne vont pas massivement changer leurs plans », a-t-elle signifié.
L’Association canadienne des agences de voyages croit aussi qu’une portion négligeable de voyageurs choisiront une destination étrangère dans les prochains mois. La directrice de l’organisme pour le Québec, Manon Martel, réclame que des programmes d’aide financière continuent donc de soutenir l’industrie du voyage, car les affaires ne reviendront pas à la normale de sitôt.