Dadju au théâtre Olympia: affaire de famille

Il y a Pierre Kwenders chez nous, Baloji en Belgique, et ça explose en France grâce notamment à Naza, Maître Gims et Dadju, que nous avons au téléphone. Ils ont tous en commun une passion pour les musiques de club modernes, pour le rap et le R&B aussi, et des racines congolaises. Mais qu’est-ce qu’on a mis dans l’eau du Congo pour qu’autant de talents poussent ainsi ? « Vous savez, rit Dadju, une des principales activités des Congolais, c’est faire la fête en musique. Il y en a toujours, le matin, le jour, la nuit, ils sont très fêtards, alors voilà, je crois que c’est culturel. »

Il y a la rumba aussi, insiste Dadju, « reconnue dans le monde entier. Nous, on a grandi avec cette musique ». Nous, ça inclut son célèbre frère, le MC Maître Gims, ex-Sexion d’Assaut, dont le plus récent album, aussi teinté des rythmes d’Afrique, est devenu le plus vendu en France en 2018 derrière l’album posthume de Johnny Halliday. Et qui était troisième au palmarès ? Bien vu : le tout premier disque de Dadju, qui nous parlait de l’aéroport avant son vol pour Montréal, où il se produit sur scène vendredi soir.
Année de tous les succès
Une sacrée belle année que vient de passer le chanteur R&B, devenu père en octobre, sacré révélation française de l’année aux NRJ Music Awards le mois suivant. « Tous des objectifs qu’on ne s’imaginait même pas, pour dire la vérité, réagit-il. Passer la barre des 500 000 albums vendus [en France], c’était impensable. Avoir accompli ça, faire une tournée dans toute l’Afrique, toute la France aussi, c’est ma fierté. »
Si le R&B est un genre musical boudé au Québec, de l’autre côté de l’océan, à l’évidence, on en raffole. Ajoutons-en une couche : Gentleman 2.0, ce premier album de Dadju, est probablement le meilleur disque R&B jamais offert par un artiste masculin là-bas. Des textes roucoulants à souhait, des thèmes positifs, des rythmiques variées entre hip-hop, reggaeton, tropical house et tendances afrobeats, une voix juste et farcie de bons sentiments. « Si j’ai la voix de mon père ? Non — la mienne est un peu plus aiguë. Par contre, on a à peu près le même timbre de voix, dans la famille. »
Ma musique est très typée “afro”, ces styles sont aujourd’hui beaucoup plus populaires qu’avant, je pense que l’un ne va pas sans l’autre. Et je suis très content d’assister à ça — ce sont des artistes comme MHD en France et Wizkid au Nigeria justement qui propagent cette musique dans le monde et qui la popularisent de plus en plus. Je suis content de faire aussi partie du mouvement.
Car son père aussi baigne dans la musique : Djuna Djanana fut chanteur du célèbre orchestre Viva la Musica de Papa Wemba, légende de la scène soukouss/rumba du Congo. Si son frère aîné, Maître Gims, a vu le jour à Kinshasa, Dadju, lui, est né dans le 9-3, façon dont le département de la Seine-Saint-Denis est désigné par les rappeurs depuis l’émergence du Suprême NTM emblématique du département de l’Île-de-France.
« J’ai grandi avec toutes ces musiques, la pop, la variété française, les musiques africaines, le R&B et le reggaeton aussi, abonde Dadju. En studio, tout se mélange ; le but est de les resservir à ma sauce, quoi. Dans mes chansons, même les plus variété, il peut y avoir une mélodie africaine, ou sur des rythmiques plus afro, des airs de pop. Mon son, c’est la somme de toutes les musiques que j’ai aimées dans ma vie. »
Style afro à la mode
Il n’y a pas de coïncidence entre le succès fulgurant qu’il a connu en 2018 et l’émergence d’un mouvement musical inspiré des musiques de club d’Afrique, estime Dadju. « Ma musique est très typée “afro”, ces styles sont aujourd’hui beaucoup plus populaires qu’avant, je pense que l’un ne va pas sans l’autre. Et je suis très content d’assister à ça — ce sont des artistes comme MHD en France et Wizkid au Nigeria justement qui propagent cette musique dans le monde et qui la popularisent de plus en plus. Je suis content de faire aussi partie du mouvement. »
« Au Canada aussi, à Montréal, où j’ai joué déjà plusieurs fois, il y a une grosse communauté africaine, poursuit Dadju. Je suis content de pouvoir y retourner encore pour faire la fête. » Il chantera vendredi au théâtre Olympia, puis demain à l’Impérial de Québec. Le 1er février, la star ira aussi visiter ses fans à Port-au-Prince, et voir s’il s’en trouve aux États-Unis.
« J’essaie toujours d’aller plus loin, de pousser cette musique au maximum, commente-t-il. Je n’aurai pas la prétention de dire que j’ai conquis la France au complet, mais j’ai déjà l’ambition d’aller encore plus loin. Maintenant, c’est l’aventure que l’on tente, on s’envole vers l’inconnu : je ne connais pas vraiment les États-Unis, je ne connais d’ailleurs personne là-bas, je n’y ai encore jamais donné de concerts, je ne sais pas comment ça va se passer. J’ai seulement envie de repousser les limites, et si on peut ouvrir une porte au passage, ne serait-ce que pour laisser entrer un autre artiste, je serai content. »