«Thor. Amour et tonnerre»: un Marvel de feu

L’équipe de Thor. Amour et tonnerre ne se prend pas au sérieux et demande la même chose aux spectateurs.
Photo: Jasin Boland Marvel Studios L’équipe de Thor. Amour et tonnerre ne se prend pas au sérieux et demande la même chose aux spectateurs.

Vous avez détesté Thor: Ragnarok de Taika Waititi ? Passez votre tour pour Thor: Love and Thunder (Thor. Amour et tonnerre), mitonné par la même équipe. Parce qu’Amour et tonnerre, c’est Ragnarok au cube et sur l’acide. C’est déjanté, psychédélique, irrévérencieux, subversif, infantile parfois (certains diront trop souvent).

Bien sûr, la présence de Christian Bale au générique va dans la direction de l’intensité dramatique, et il y a cela aussi. Un peu. Mais sur le gros du parcours (on ne parle pas ici de Chris Hemsworth, puisque son Thor affiche ici sa silhouette athlétique d’avant Avengers: Endgame), oubliez la rectitude politique et pensez humour bête. Ces chèvres, par exemple (n’en disons pas plus). Ou encore Russell Crowe jouant Zeus en caricaturant Gladiator.

En clair, l’équipe de Thor: Love and Thunder ne se prend pas au sérieux et demande la même chose aux spectateurs. En très clair, ce 29e film de l’Univers cinématographique Marvel (UCM), qui est aussi la quatrième épître relatant le destin du dieu du tonnerre, va diviser les fidèles.

Il est vrai qu’objectivement, derrière la légèreté du ton se cache un scénario relativement mince dont les thèmes ne feront trembler personne (à part, peut-être, si vous êtes un dieu). En fait, maintenant que l’UCM s’est débarrassé de Thanos, il lui manque un grand, un formidable méchant pour faire chanceler les superhéros sur leur socle.

Et ce supervilain n’est pas Gorr, même si Christian Bale fait merveille avec un personnage terrifiant, mais auquel il manque une envergure « galactico-cataclysmique ». Chauve, hâve, peau couturée de cicatrices et marquée de tatouages, cet homme pieux a perdu ses êtres chers dans des tragédies qui ont laissé les dieux indifférents. Après avoir mis la main sur une arme faite de pure noirceur, il a donc décidé d’en finir avec les immortels révérés qui regardent leurs ouailles de haut. Critique contre les religions et les déités qui « permettent » les pires horreurs ? On peut sentir cela, bien loin dans le sous-texte d’Amour et tonnerre.

Photo: Jasin Boland Marvel Studios Thor, pour mener le combat contre le Massacreur de dieux, tourne le dos aux Gardiens de la galaxie avec lesquels il s’était envolé à la fin d’Endgame.

Deux duos de feu

Bref, la quête de Gorr mène entre autres à Thor, qui, pour mener le combat contre le Massacreur de dieux, tourne le dos aux Gardiens de la galaxie avec lesquels il s’était envolé à la fin d’Endgame. Aux côtés du dieu du tonnerre, Valkyrie (Tessa Thompson, solide) ; Korg, l’hilarant humanoïde de pierre incarné vocalement et en capture de mouvements par Taika Waititi ; et la docteure Jane Foster, interprétée par Natalie Portman, dont le retour très attendu dans l’UCM ne déçoit pas.

L’amour du titre est un peu là. Mais pas que. Parce que si les braises du coup de foudre entre la scientifique et le dieu couvent encore, Jane a d’autres chats, très intimes, à fouetter (le drame et les émotions que ne porte pas Gorr se trouvent ici). Ce qui ne l’empêche pas de monter au front, d’autant qu’elle a les moyens de ce faire : Mjöllnir, le tout-puissant marteau de Thor détruit dans Ragnarok, a répondu à son appel et fait d’elle Mighty Thor. Le tandem que cet autre Thor forme avec Valkyrie est irrésistible, grâce à la complicité des deux actrices qui portent les personnages à l’écran. Demande spéciale : les revoir ensemble, même dans un autre contexte.

Autre duo de feu : Mjöllnir et StromBreaker, la hache qu’utilise Thor depuis la destruction du marteau qui a ressuscité pour se blottir dans la main de Jane. Un marteau infidèle (oui !) et une hache jalouse (oui, oui !) avec, entre les deux, un Chris Hemsworth qui n’a peur de rien, surtout pas de l’humour absurde qu’il endosse avec autant d’aisance qu’une cape et avec un plaisir contagieux. Son Thor n’est plus le personnage solennel des débuts, mais il est, d’une autre façon, divinement craquant.

Enfin, qui dit UCM dit combats, destructions et effets spéciaux. Le tout, quand on ajoute Taika Waititi, enrobé dans une trame sonore aussi éclatée que le visuel (amateurs de Guns N’ Roses, ouvrez les oreilles). Bémol par contre sur certains effets : la plupart sont ahurissants (on ne s’attend pas à moins), mais l’utilisation tous azimuts de la technologie qui a servi pour la série The Mandaloriann’est pas la meilleure des idées. Ce qui passe comme dans du beurre au petit écran peut jurer sur le grand. Et jure ici de temps en temps. Mais bon, on peut mettre ça sur le compte du psychédélisme de l’ensemble.

Thor. Amour et tonnerre (V.F. de Thor : Love and Thunder)

★★★★

Comédie d’aventure de Taika Waititi avec Chris Hemsworth, Christian Bale, Natalie Portman, Tessa Thompson, Taika Waititi. États-Unis. 119 minutes. En salle le 8 juillet.

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