L’artiste Jean-Jules Soucy n’est plus

L’artiste en art visuel originaire de Saguenay Jean-Jules Soucy n’est plus. Celui qui a créé la Pyramide des Ha ! Ha !, à La Baie, est décédé la semaine dernière des suites d’une longue maladie, à l’âge de 71 ans.
« Je l’ai vu un mois avant son départ alors que j’étais de passage à Saguenay. Il était encore en forme, joyeux, il avait toute sa tête, et on a eu de très beaux échanges cette journée-là, comme chaque fois que j’allais le voir », raconte en entrevue l’artiste et commissaire indépendant Emmanuel Galland, qui était l’un de ses amis proches.
S’il n’a pas eu l’occasion de lui rendre visite à l’hôpital dans les derniers jours de sa vie, Emmanuel Galland a pu s’entretenir longuement et à plusieurs reprises au téléphone avec Jean-Jules Soucy.
« Il appelait les gens un à un, des proches et moins proches, il savait qu’il vivait ses derniers instants », poursuit M. Galland, précisant que l’artiste souffrait de problèmes de santé depuis plusieurs années, ce qui le rendait particulièrement sédentaire.
Diplômé en 1976 d’un baccalauréat en enseignement des arts plastiques à l’Université du Québec à Chicoutimi, Jean-Jules Soucy a enseigné quelques années dans son université avant de se consacrer entièrement à son art, qui mélange « sculptures non conventionnelles et installations volumineuses ».
L’art pour tous
Parmi ses oeuvres, la plus populaire est certainement la Pyramide des Ha ! Ha !,un monument commémorant le délugedu Saguenay de 1996, érigé dans les années suivantes dans l’arrondissement de La Baie. D’une hauteur de 21 mètres, la pyramide a été fabriquée à partir d’environ 3000 panneaux de signalisation « Cédez le passage » sur lesquels une pellicule réfléchissant la lumière a été ajoutée.
« C’est un morceau de bravoure, cette pyramide-là, souligne M. Galland, rappelant qu’elle mesure la même taille que la pyramide du Louvre à Paris. Selon moi, c’est sa plus grande oeuvre, son plus grand legs au Québec et aux citoyens de la région. »
Il évoque aussi l’oeuvre le Tapis stressé, exposée au MAC en 1993. Pour cette oeuvre, il avait demandé l’aide de citoyens de Saguenay et de partout ailleurs au Québec pour récolter quelque 60 000 pintes de lait en carton, qu’il a ensuite lavées et assemblées.
« L’art participatif, c’était super important pour lui, avant même que ce soit une tendance. C’était sa façon de rendre l’art plus accessible à tous », explique M. Galland, décrivant l’artiste comme quelqu’un de « très accueillant », « très curieux » et doté d’une « grande humilité ».

Grand amateur de mots croisés, il avait également un grand sens de l’humour et adorait les jeux de mots, qu’il utilisait en abondance pour nommer ses oeuvres. C’était une façon pour lui d’aborder des thèmes assez graves tout en touchant le public plus facilement.
Depuis quelque temps déjà, avec la complicité de Jean-Jules Soucy lui-même, Emmanuel Galland travaillait à documenter son parcours artistique. Il compte mettre sur pied un livre rétrospectif ainsi qu’un balado rassemblant leurs longues conversations enregistrées l’automne dernier.